Comme de la porcelaine

Il y a de ces gens qui ont tant souffert qu’un seul souffle de vent contraire les ferait s’effondrer comme un château de cartes.

Il y a de ces gens qui semblent être devenus l’ombre d’eux-même, un spectre pâle qui erre parmi les vivants.

Il y a de ces gens à qui l’on voudrait tendre la main et les guider doucement vers un avenir meilleur.

Mais ces gens sont faits de porcelaine fêlée.

Nulle colle ne saurait ressouder ce qui n’a jamais été.

On ne veut pas les briser, mais ils s’effritent doucement entre nos doigts.

Laissant derrière eux des marques d’érosion vive.

Il y a de ces gens qui n’ont jamais pu briller.

Les étoiles dans leurs yeux sont des trous noirs qui aspirent tout.

Il y a de ces gens dont la souffrance nous happe en entier.

Tout l’amour du monde ne saurait refermer leurs profondes cicatrices.

Ces blessures sont souvent leurs seules certitudes, presque réconfortantes.

Il y a de ces gens qui s’arrachent, se déchirent et se consument pour se sentir en vie.

Dans un cri de désespoir, on baisse lourdement les bras.

Dans un élan d’espoir, on s’éloigne pour ainsi sauver notre propre peau.



Certains se reconnaîtront peut-être dans ces mots.  J'aurais pu appeler ce texte La souffrance du survivant.  Je voulais simplement montrer un autre visage de la personne qui décide de partir.  Celle que l'on aime tant juger, parce qu'elle abandonne l'autre qui est dans le besoin, celle qui n'a pas accepté de se sacrifier pour le bien de l'autre qui ne le sera jamais.  Parfois se choisir devient la seule possibilité pour seulement pouvoir vivre.

À ceux qui ont dû faire ce choix déchirant, je vous envoie simplement plein d'amour.


Par Véronique Delorme

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